Le CEM accueille en janvier prochain une exposition photographique de l’artiste havraise Mæ Hazard. Intitulée « Seul(e) dans Berlin », cette dernière est une déambulation contemplative dans la ville allemande, chère au cœur de la photographe. Une véritable immersion dans une capitale très prisée qui dévoile ici des charmes inattendus.

Mæ Hazard, trentenaire havraise, technicienne du spectacle vivant dans la vie mais artiste polyvalente par ailleurs, cumule les talents : musique et photographie sont deux des principaux médiums qu’elle utilise pour exprimer sa créativité. Au CEM, c’est de photo dont il s’agira, de manière inédite.
La jeune femme exerce en tant que photographe depuis une quinzaine d’années. « J’ai d’abord travaillé de façon professionnelle, en tant que freelance, dans la photo de mode notamment. Depuis 4 ans, j’ai changé ma pratique pour l’orienter vers quelque chose de plus artistique » explique-t-elle.

Le choix de l’argentique

Si Mæ a, comme beaucoup, opté dans un premier temps pour la photo numérique, elle s’est depuis ravisée pour revenir à l’argentique. « Ma façon de faire est devenue plastique bien plus qu’avant. C’était un besoin que j’avais : avoir les mains « dedans ». Que ce soit par la chimie, la manipulation de la pellicule. L’argentique est un médium physique. » Un médium physique qui a ses limites car il ne donne pas droit à l’erreur. « Je ne dirais pas ça étant donné qu’une grande partie de mon travail est justement basée sur l’erreur ! Ces moments que l’on capte parfois d’un geste hasardeux. Mais c’est vrai que la valeur du clic est effectivement différente d’avec le numérique. » Différente et peut-être un tant soit peu plus précieuse.

Et la lumière fût

Côté visuel, le travail de l’artiste a quelque chose de l’ordre du graphisme, de la peinture. « Exactement, confirme Mæ Hazard. Comme dans ces pratiques, la photo est une question de rapport à la lumière, on « dessine », on joue avec la lumière, on travaille un matériau palpable, malléable ». Et d’ajouter : « J’utilise la pellicule de plein de manières différentes, en faisant, par exemple, de la superposition d’images. » Gros travail également sur les cadres et formats. « Je me laisse toute latitude pour utiliser les outils numériques sur mes photos argentiques. Une fois développées, j’ai plusieurs options à disposition ; je scanne les photos, les retravaille à l’envi jusqu’au moment du tirage final. »

Pourquoi Berlin ?

« Berlin, c’est mon ultime plan B, dans tous les moments de ma vie, tous les questionnements qui sont les miens. » Mæ s’y rend depuis 2009 et y retourne régulièrement depuis 3 ans.
La soixantaine de pièces qu’elle a réunies pour son exposition au CEM nous conte la ville allemande d’une manière très poétique. Au fil des clichés, se déploient des thématiques architecturales, puis, ici et là, des personnages viennent ponctuer la déambulation. Des images qui ressemblent à son autrice : beaucoup de noir et soudain une touche de couleur. « C’est mon côté gothique ! » dit-elle dans un rire explosif. « J’aime la vie dans Berlin car de par sa taille et sa culture, c’est une ville dans laquelle on peut se croiser sans se regarder. Pour moi qui suis agoraphobe, Berlin a un côté très tranquille, on peut faire parfois 10 minutes de marche dans un quartier sans croiser âme qui vive. » Des âmes on en rencontre pourtant parfois dans les photos de Mæ. « L’humain n’est pas ici un sujet central. Il apparait de façon inopinée. » Et dit en silence beaucoup de choses.

On découvrira donc au CEM, des clichés où les bâtiments sont rois, où les paysages urbains défilent tout en relief, de façon ronde ou cubique, d’une manière quasi solennelle. Les visiteurs et visiteuses auront l’occasion de se raconter leurs propres histoires au fur et à mesure que les images défileront.

À noter par ailleurs, le trait d’union affectif proposé ici entre Le Havre – Berlin : « Je suis havraise ! revendique Mæ. Et c’est vrai que les paysages d’un Berlin reconstruit rapidement après la guerre, les zones portuaires, l’eau et les immeubles façon « docks » me rappellent ma ville natale. » Il eut été dommage de ne pas le souligner. 

Exposition du 10 au 31 janvier 2024
Vernissage le vendredi 12 janvier à 18h30
Au CEM, 77 rue du 329e R.I. – 76620 Le Havre
Infos au 02 35 48 48 80
Exposition en entrée libre
Lundi de 19h à 23h30
Mardi, mercredi, jeudi de 14h à minuit
Vendredi de 17h à minuit et samedi de 14h à 19h

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