Nouvellement arrivée au CEM pour s’occuper des cours d’une des classes d’éveil musical, Audrey Denis est aussi une artiste aux multiples talents, audacieuse et sensible, à l’expression créative insatiable.
Jouer de la musique est une évidence chez les Denis. De tante à neveu, d’oncle à nièce, on pratique un voire plusieurs instruments et on s’essaie à la scène dès que possible. « C’est vrai qu’il y a toujours eu des musiciens dans la famille et j’ai assisté très tôt aux concerts de mon oncle – Michel Denis, professeur d’atelier au CEM est l’un d’eux -, installée derrière la scène », lance tout sourire Audrey Denis, professeure d’éveil musical qui a rejoint l’équipe depuis la rentrée. Enthousiaste, Audrey se remémore ces bons moments familiaux, initiateurs de sa passion pour l’Art en général. À 16 ans et selon sa volonté, ses parents l’inscrivent au cours de percussions de Jean-Marc Quillet, musicien reconnu et professeur au conservatoire de Petit-Quevilly. Le pédagogue l’accompagne chaque mercredi, presque toute la journée, pendant plusieurs années. Elle découvre les instruments, s’émerveille à l’écoute d’un son puis d’un autre, s’amuse beaucoup et poursuit sa journée musicale le soir chez elle, seule dans sa chambre, en écrivant les textes d’éventuelles chansons qu’un jour elle interprétera. Audrey libère des mots sur son cahier de lycéenne mais aimerait les mettre en musique. C’est vers 17/18 ans qu’elle intègre les cours du soir de son fidèle professeur, toujours aussi attentif et bienveillant, pour commencer l’apprentissage du chant et de la guitare. La six cordes est plus adaptée à son envie de composer que la caisse claire ou les timbales. La jeune fille tente la version classique au début mais se tourne vite vers l’acoustique, plus maniable et adaptée à sa soif de création. Elle écoute et s’inspire de ses idoles Prince et Björk, deux personnages polymorphes qui correspondent à son envie de multiplier et d’associer les formes artistiques.
Franchir le cap
Ses premiers pas sur scène en solo s’effectuent au conservatoire devant un public disparate et épaté. l’expérience s’avère enrichissante. La jeune fille peut enfin tester ses chansons et les retours sont positifs, ce qui l’encourage à chanter au sein d’un groupe, tout en terminant sa scolarité au lycée. En 2000, l’année de ses 18 ans, elle franchit de cap de l’enregistrement et sort un premier album electro-pop avec l’aide de Michel qui est aussi son parrain. Un événement marqué également par son entrée aux Beaux Arts de Rouen où elle décrochera un master I suivi d’un master II DNSEP – diplôme national supérieur d’expressions plastiques – quelques années plus tard, et cette fois au Havre. Les arts plastiques ou la musique, le choix est impossible pour la jeune femme qui, d’autant plus, est synesthète. Elle possède donc la faculté de peindre la musique qu’elle entend, où chaque son correspond à une couleur, où chaque forme correspond à des mots, dans son imaginaire. Ce trouble de la perception des sensations que seule 4 à 6 % de la population possède est aussi un atout artistique qu’elle utilise naturellement et à bon escient dans toutes formes de création : musique, peinture, poésie, univers du clown, performance, etc. À juste titre, Audrey Denis se qualifie d’« artiste plurielle » et son intense créativité ne s’arrête pas aux œuvres qu’elle propose. Celle que ses proches appellent « la fée bleue » pour son univers abstrait, presque féerique, où les thèmes des yeux et du bleu tiennent une place de choix, où la musique est quotidienne, aime partager son appétence artistique en l’inculquant aux autres : « J’ai commencé par mettre en place des ateliers d’arts plastiques puis j’ai enseigné la musique aux plus petits avant de faire chanter les adultes en devenant cheffe de chœur pour deux chorales, l’une au Thuit-Signol, l’autre à Elbeuf », lâche la pédagogue fraîchement arrivée au CEM pour s’occuper de l’une des classes d’éveil musical de l’école.
Généreuse
Altruiste, la femme d’aujourd’hui se consacre également aux plus fragiles dans la clinique de la Mare O Dans, établissement médical situé dans l’Eure, après s’être formée à l’art thérapie. Donner du plaisir en créant, redonner le sourire lorsqu’elle fait le clown sur scène, voir les yeux des petits qui brillent de bonheur… sont autant de moments intenses et de satisfaction qu’elle engrange à chaque moment qui passe. Et la prochaine étape arrive sous la forme d’un troisième album electro-pop, « L’empire des illusions », des chansons dans la lignée d’un Thom Yorke quand il œuvre pour Atoms for peace ou du musicien et producteur britannique Sohn qui sortiront sous le pseudo Aude Rose. Encore un personnage haut en couleur échappé du monde multifacette d’Audrey Denis ! Sa palette artistique est foisonnante et le temps lui manque pour développer tous ses projets, pour assouvir toutes ses envies. Il faudrait presque inventer la journée de trente heures dans un monde bleu pour satisfaire toute cette boulimie artistique.
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