Le CEM accueille du 1er au 31 mars 2019, Lebel et Le Goff pour une exposition unique au CEM. C’est en 2001 que Lebel et Le Goff  tournent leur première vidéo. La séquence s’ouvre sur deux volatiles de plastique qui pépient au rythme d’un morceau de musique tandis que pleuvent des assiettes qui se brisent au sol. Si l’oiseau est un des symboles de la personnalité des rêveurs, ceux de Lebel et Le Goff  semblent avoir les pattes bien sur terre. Mais les apparences sont trompeuses et ce chant décalé pourrait bien être une façon d’ entrer dans l’univers fantaisiste des artistes.

Lebel et Le Goff  se plaisent à manipuler les petites choses de la vie courante qui deviennent prétextes à leurs expérimentations. Ils sortent et se frottent au monde extérieur, invitant l’autre à partager un moment en suivant leurs propres règles. On s’interroge sur ce qui se passerait si nous acceptions de suivre ces nouvelles directives, si nous quittions notre zone de confiance aussi rassurante que limitative.

Il y a certainement de multiples interprétations à donner au sujet de ces histoires sans parole qui peuvent se regarder indépendamment de toute chronologie bien que le travail s’étale sur une vingtaine d’années. L’humour et le décalage sont omniprésents et constituent un fil conducteur. Il faut aussi apprécier ce goût prononcé pour le travestissement avec une inclination pour une certaine forme de ridicule, on pense notamment à «malheur à ceux qui se contentent de peu» à «marotte» ou aux «indolents». Mais ce ridicule est de ceux qui ne tuent pas, il favorise bien au contraire une certaine prise de risques pour aller au-delà de soi et sortir d’une routine trop convenue.

Les histoires que racontent Lebel et Le Goff  ne sont toutefois pas silencieuses et la bande son occupe une place de choix. Ainsi, leurs aventures se font aux rythmes de musiques baroque, folklorique ou disco avec une mention spéciale pour les bruitages qui participent à la dynamique ou l’étrangeté des vidéos créant une troisième entité qui soutient les actions des artistes.

Lebel et Le Goff, c’est avant tout question de complicité. Une rencontre qui se fait au cours de leurs années d’étudiants aux Beaux Arts. La suite se situe dans le plaisir des retrouvailles, le partage des idées et le désir de compléter la proposition de l’autre. Une production qui nous rappelle que de l’échange et l’envie d’agir à plusieurs émergent de nouvelles intentions. L’union stimule la créativité dès lors qu’il est question de penser au pluriel, d’échanger, de se faire confiance. La complicité ne va pas de soi, elle se construit au fil du temps et des projets.

La production de Lebel et Le Goff  s’inscrit dans une durée avec une constance qui s’étale sur deux décennies avec la persistance d’un protocole qui oblige les artistes à se réinventer sans se compromettre, les obligeant à déjouer les pièges de l’usure ou de la redite. Arrivés à la maturité de leur âge et travail, ils continuent de tracer leur route, ajoutant ces petites touches d’expérience qui façonnent les œuvres au fil des expositions. Ils vieilliront sans doute ensemble parce qu’ils n’ont pas dit leur dernier mot, ce qui ne constitue pas la moindre des ironies. Éternels candides qui acceptent le défi du temps qui passe comme celui des conventions qui drapent dans les attendus. C’est d’ailleurs peut-être pour ça qu’ils aiment tant se déguiser, pour interpeller l’autre, le faire réagir, mais sans jamais l’offenser.

Cette exposition sera visible du vendredi 1er au dimanche 31 mars et nous serions ravis de vous compter parmi nous lors du vernissage
qui aura lieu vendredi 1er mars à 18h30 au CEM, 77 rue du 329e RI au Havre – Fort de Tourneville.
Exposition en entrée libre, le lundi de 18h à minuit, du mardi au vendredi de 14h à minuit, le mercredi de 9h à midi
le samedi de 14 à 19h et le dimanche de 14h30 à 19h.
Infos au 02 35 48 95 25 / 02 35 48 48 80

Ancien Fort militaire construit en 1856, Le Fort de Tourneville est aujourd’hui une mine de créativité !

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